Une étape décisive vient d’être franchie dans le processus de paix pour l’Est de la RDC. Le gouvernement congolais et l’Alliance Fleuve Congo/M23 (AFC-M23) ont conclu le 23 avril 2024 à Doha un accord de trêve, posant les bases d’un cessez-le-feu effectif dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. Cette décision conjointe, contenue dans un document officiel, marque un tournant dans la dynamique diplomatique en cours.
Les deux parties ont réaffirmé leur volonté d’arrêter immédiatement les hostilités et ont appelé les communautés locales à respecter et soutenir cet engagement, qu’elles considèrent comme une condition essentielle à un dialogue profond sur les causes de la crise et les solutions de sortie de conflit.

Le lendemain à Kinshasa, le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, a confirmé cette avancée lors d’un briefing conjoint avec Guy Loando, ministre de l’Aménagement du territoire. Il a replacé la trêve de Doha dans le cadre global des efforts diplomatiques déployés depuis plusieurs mois.
« Nous ne pouvons pas faire de paix sans compromis. Le communiqué entre les experts du gouvernement et le M23 est une avancée. Sans cessez-le-feu, nous ne pouvons pas avancer », a-t-il déclaré devant la presse nationale et internationale.
Patrick Muyaya a souligné la continuité du processus, démarré notamment lors de la réunion de Luanda en décembre dernier et poursuivi à Doha, sous la médiation du Qatar. Il a insisté sur la nécessité de lire les événements récents dans le cadre de cette évolution diplomatique.
« Vous ne pouvez pas interpréter ce communiqué sans considérer ce qui s’est passé à Luanda et à Doha, notamment les rencontres entre les chefs d’État et l’émir du Qatar », a-t-il précisé.
Un contexte de pression internationale croissante
Le ministre a également rappelé le soutien de la communauté internationale, illustré par les sanctions imposées par les États-Unis à certains membres du régime rwandais, la suspension de coopérations militaires avec Kigali par le Royaume-Uni, et la dégradation des relations diplomatiques entre la Belgique et le Rwanda.
Des résolutions comme celle du Conseil de sécurité de l’ONU (2773) et les appels de l’Union africaine ont également contribué à renforcer la dynamique de responsabilisation dans la région des Grands Lacs.
L’accord signé à Doha ne se limite pas à une cessation des hostilités : il ouvre la voie à un dialogue constructif, centré sur les causes profondes de la crise et les modalités concrètes d’un retour à la paix dans l’Est du pays.
Patrick Muyaya a tenu à tempérer l’enthousiasme par un appel à la vigilance : « Il reste des points de blocage. Mais il n’y a jamais eu de rupture. Les délégations ont repris le travail« . Il a aussi invité les médias à faire preuve de responsabilité dans le traitement de ces informations sensibles. Il a insisté sur l’importance de communiquer avec responsabilité, notamment dans un contexte marqué par la rapidité des informations circulant sur les réseaux sociaux. « Il est essentiel de ne pas céder à la vitesse des réseaux sociaux », a-t-il rappelé à l’adresse des médias.
Pour la première fois depuis des années, Kinshasa et le M23 s’engagent officiellement sur la voie du dialogue, après une longue période de refus catégorique. L’accord du 23 avril constitue le socle d’une paix à bâtir pas à pas, dans un contexte régional et diplomatique en mutation.
« Le premier pas est fait. Maintenant, nous devons poursuivre l’effort par un dialogue franc », a conclu Patrick Muyaya, appelant les Congolais à l’unité et à la lucidité.
Christiane EKAMBO