Beni : Le flou autour du taux de change inquiète commerçants et consommateurs

A Beni-ville, chef-lieu provisoire de la province du Nord-Kivu, l’économie locale est secouée par une forte instabilité du taux de change entre le franc congolais (FC) et le dollar américain ($).

Depuis plusieurs jours, commerçants et consommateurs font face à une absence totale d’harmonisation, chacun appliquant son propre taux selon ses intérêts.


Des taux qui varient d’un vendeur à l’autre


Au marché central de Beni-Kilokwa, principal centre d’échanges de la ville, le désordre est manifeste. Ce samedi 11 octobre, le reporter du Journal des Nations s’est rendue sur place pour faire le constat.
« Ici, nous utilisons un taux de 2 650 francs pour un dollar », explique un vendeur de produits vivriers.


« Mais d’autres commerçants proposent 2 700, et certains descendent jusqu’à 2 500 quand il s’agit d’échanger des billets. Il n’y a aucun cadre clair. Chacun fait comme il veut. »


Dans d’autres secteurs, comme la vente du cacao, le taux reste plus ou moins stable autour de 2 650 FC. Néanmoins, la diversité des pratiques entretient la confusion générale.


Une mesure nationale difficile à appliquer


Cette cacophonie intervient alors que la Banque Centrale du Congo (BCC) a récemment annoncé, depuis Kinshasa, une politique de baisse progressive du taux de change sur l’ensemble du territoire. L’objectif : stabiliser le franc congolais et freiner l’inflation. Mais à Beni, la mesure peine à être appliquée.


« Nous avons acheté des marchandises quand le taux était encore à 2 800. Même si ça baisse maintenant, on continue à vendre selon l’ancien taux. Parce qu’on travaille en dollars. Un billet de 100 dollars reste 100 dollars », justifie un commerçant de gros.


Avant l’annonce de la BCC, les taux étaient bien plus élevés dans la région :
• 2 850 FC : taux moyen appliqué pour les échanges courants à Beni
• 2 900 FC : dans certaines écoles, universités et commerces
• 3 000 FC : taux pratiqué par de grands commerçants à Butembo, à une cinquantaine de kilomètres au sud de Beni.


Ces variations, parfois observées au sein d’un même quartier, ont déstabilisé les habitudes commerciales et mis les clients dans une position de faiblesse.


Face à ce flou, les habitants s’interrogent sur le rôle du service de l’Économie locale, jugé invisible. Aucun taux officiel n’est affiché, aucun contrôle n’est constaté, et les spéculations vont bon train.


« Le service de l’Économie devrait nous aider à avoir un taux unique. Mais il reste silencieux. Il laisse les choses aller sans intervenir », regrette un vendeur.


Dans une ville comme Beni, où une large partie de la population vit du petit commerce ou du secteur informel, le taux de change est un indicateur vital. Lorsqu’il n’est pas maîtrisé, c’est tout le système économique qui vacille.


Les commerçants réclament des orientations claires, les consommateurs demandent plus de justice dans les prix, et tous appellent à une régulation urgente pour mettre fin à ce chaos monétaire.


Gloire Tsongo / Beni

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