Dans le cadre de la clôture de 16 jours d’activisme contre la violence basée sur le genre (VBG), le média actualité.cd a organisé son News Forum mensuel. Cette initiative rassemble experts, journalistes, hommes politiques et membres de la société civile autour de sujets d’intérêt général, alimentant un débat visant à impulser le progrès sociétal. Pour cette édition, produite ce lundi 11 décembre 2023 au centre Culturel Boboto à Kinshasa sous la bénédiction d’internews, le débat s’est focalisé sur « la lutte contre la violence basée sur le Genre et les droits de l’homme au cœur de la campagne électorale ».
L’objectif était de sensibiliser les médias et les acteurs de la société civile sur la nécessité d’inscrire la lutte contre les VBG au cœur des débats politiques surtout au cours de cette période de campagne électorale.
Avec la dextérité journalistique qu’on lui reconnait, Patient Ligodi, patron du réputé média en ligne actualité.cd et modérateur du jour a su mettre en interactivité les trois panelistes qui ont avec maitrise fait jaillir leur lucidité sur le sujet. Ces activistes féminines qui ont composé ce panel sont en l’occurrence Fifi Buka, point focal de « Rien sans les Femmes », réseau de la société civile œuvrant pour les droits des femmes, Christiane Ekambo journaliste, experte en genre et aussi DG du journaldesnations.net ainsi que Joëlle Bile candidate à la Magistrature suprême en RDC pour l’élection du 20 décembre prochain.
Pour la première Intervenante, Fifi Buka la mise en œuvre des textes sur les violences basées sur le genre reste encore un défi à relever. « Nous sommes dans un contexte délicat, surtout dans l’Est du pays et nous savons que ce sont les femmes qui paient le prix fort. Nous avons beaucoup à faire pour parvenir à instaurer la paix. Dans les 16 jours d’activisme, nous voyons tout un champ de violences sur lesquelles nous devrions travailler pour que la femme puisse vivre dans la paix et sans violence. Les femmes représentent plus de 51 % de la population congolaise et je pense qu’aucun candidat ne peut élaborer son programme sans prendre en compte les besoins spécifiques de la femme de manière générale. Il y a des avancées, mais nous sommes encore trop loin d’éradiquer les violences basées sur le genre », a-t-elle indiqué.
Lutte contre les VBG, affaire de tous
Joelle Bile a lancé le défi de lutter pour l’élimination de la violence faite à l’égard des femmes une fois élue présidente de la RDC.
« Je suis candidate pour assainir l’espace politique et mon programme s’intitule la République des Valeurs », a-t-elle annoncé. Et de poursuivre : « Pour moi, la république des valeurs est une république qui doit être basée sur l’application des textes qui existent dans notre pays. Ce qui tue le pays c’est le fait que rien n’est respecté. Nous vivons dans une République bananière où les textes ne sont pas respectés. Sous ma mandature, je ferai en sorte que tous les textes qui donnent un point ou l’équité à la femme soient respectés », a-t-elle dit
Pour l’apport des médias sur les questions liées aux violences basées sur le genre, Christiane Ekambo a souligné que les médias n’ont pas été assez impliqués.
« Le média a un rôle capital à jouer en tant qu’acteur social et faiseur d’opinion. Ce sont les médias qui devraient mettre en exergue le problème crucial de notre société. Les journalistes n’ont pas été sensibilisés. On parle évidemment de la guerre qui sévit dans pays notre, mais on insiste pas assez sur toutes les conséquences qu’entraînent cette guerre si dévastatrice autant pour les femmes que pour toute la population surtout à l’est du pays où l’UNICEF a fait état de 38.000 cas des violences sexuelles en 2022. C’est aujourd’hui que nous devons nous réveiller pour faire un focus sur les conséquences de cette guerre« , a-t-elle rapporté.
De façon substantielle, elle a indiqué que le travail des médias sur les questions liées aux VBG durant les 16 jours d’activismes était quasi inexistant. Elle a pointé du doigt le le ministère du genre qui lors du lancement de cette période d’intensification d’activité de lutte contre les violences faites aux femmes et aux jeunes filles ne met que la société civile au-devant de la scène. « Les journalistes doivent également être partie prenante des questions liées aux violences faites aux femmes pour qu’ils puissent s’approprier ce combat et non seulement des personnes qui relaient simplement cette activité de lancement de ladite campagne », a-t-elle martelé.
Au terme de cette activité, il a été recommandé de pouvoir mener des campagnes de sensibilisation accrues, de banir les stéréotypes et les clichés qui discriminent la femme ainsi que mettre en place de bonnes bases pour créer des générations où les femmes et les hommes se considèrent complémentaires et égaux.
Rappelons que cette campagne de 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes et jeunes filles s’est déroulée du 25 novembre au 10 décembre 2023. Le thème retenu cette année est: « Accélérer les actions pour mettre fin à la violence sexiste et au fémicide : ne laisser personne de côté ».
Soulignons que ce News Forum entre dans le cadre du programme MSDA ( Media Sector Development Activity) d’Internews financé par l’USAID et la coopération suédoise. Internews œuvre en faveur du renforcement du professionnalisme et de l’indépendance des professionnels des médias ainsi que des autres organisations de la société. De son côté, actualité.cd se donnent le pari de diffuser ces discussions sur toutes ses plateformes numériques dans l’optique de favoriser une portée élargie et une sensibilisation accrue.
Keren Mawete/ journaldesnations.net