L’ex-chef de milice anti-balaka Alfred Yekatom a été remis à la Cour pénale internationale de La Haye, samedi. Il est soupçonné d’avoir mené des campagnes d’exactions contre des populations musulmanes en Centrafrique.
C’est une première pour la Centrafrique, pays ravagé par des violences meurtrières depuis 2012. Un ex-chef de milice centrafricain a été remis, samedi 17 novembre, à la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye, a annoncé l’institution.
L’avion transportant Alfred Yekatom, député centrafricain et ex-chef de milices anti-balaka, autoproclamées d’autodéfense, a quitté Bangui en début d’après-midi, a indiqué une source gouvernementale à l’AFP. C’est le premier transfèrement vers la CPI depuis l’ouverture de l’enquête sur la Centrafrique en septembre 2014 sur les crimes de guerre et crimes contre l’humanité qui y auraient été commis à partir de 2012.
En 2015, Alfred Yekatom, également connu sous le nom de colonel Rombhot, ou parfois « Rambo », avait été placé sous sanctions de l’ONU et du Trésor américain. Le Trésor le soupçonnait d’avoir mené des campagnes d’exactions contre des populations musulmanes, d’avoir tué des civils à Mbaiki (sud) et utilisé 153 enfants comme combattants.
Ancien caporal-chef
Ancien caporal-chef de l’armée centrafricaine, Alfred Yekatom, 43 ans avait été élu en 2016 député à l’Assemblée nationale. Il a été arrêté fin octobre après avoir tiré dans l’hémicyle. Samedi, il a été remis à la CPI « pour sa responsabilité pénale présumée de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité » commis entre décembre 2013 et août 2014, selon un communiqué de l’institution.
« Rambo » « aurait commandé un groupe d’environ 3 000 combattants » anti-balaka, selon la CPI. Il pourrait être responsable, en tant que chef militaire, de « meurtre », « torture et traitements inhumains », de « mutilations », d' »attaques intentionnelles contre la population civile » et contre « des bâtiments consacrés à la religion ».
La Cour pénale internationale a de même « trouvé des motifs raisonnables de croire » qu’Alfred Yekatom aurait lui-même « commis ou ordonné, sollicité, encouragé et facilité » les crimes indiqués. Ces crimes auraient été commis à Bangui et dans la préfecture de la Lobaye (sud), selon la CPI.
« C’est un message fort pour les leaders des groupes armés. Ceux qui pensent s’arroger une amnistie à la table des négociations font fausse route », a réagi Pierre Brunisso, de la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) à Bangui. Son audience de comparution aura lieu « dans un délai raisonnable après son arrivée à La Haye », selon la CPI.
Avec AFP