A l’Université Omnia Omnibus, le ministre Patrick Muyaya met l’accent sur le rôle crucial du narratif dans les conflits qui déchirent l’Est de la RDC

Patrick Muyaya, ministre de la Communication et médias lors de son intervention à l'Université Omnia Omnibus, à Kinshasa (Ph. capture d'écran)

« La guerre en RDC se joue non seulement sur le terrain, mais aussi dans les récits diffusés au niveau international », c’est le point crucial de l’intervention magistrale du ministre de la Communication et Médias, Patrick Muyaya, ce jeudi 27 mars 2025, à l’Université Omnia Omnibus dans la commune de Kasa-Vubu, à Kinshasa.

Devant une centaine d’étudiants et corps professoral de cette université, Patrick Muyaya, a au cours d’une journée scientifique, décortiqué un sujet d’une importance capitale : « La communication en temps de guerre ». Cette conférence a permis au ministre de souligner l’impact fondamental du narratif et du rôle central des médias dans le contexte des conflits, en particulier en République Démocratique du Congo (RDC), où la guerre se joue non seulement sur le terrain, mais aussi dans les récits diffusés au niveau international.

Dans son intervention, le ministre Patrick Muyaya a mis l’accent sur le rôle crucial du narratif dans les conflits qui déchirent l’Est de la RDC. Il a expliqué que la situation actuelle trouve ses racines profondes dans le génocide rwandais de 1994 et les répercussions durables qu’il a eues dans la région des Grands Lacs. Selon lui, la manière dont l’histoire est racontée et perçue joue un rôle déterminant dans l’intensification ou la désescalade des conflits. Il a insisté sur l’impérieuse nécessité pour le peuple congolais de reprendre en main son propre narratif, face aux discours internationaux souvent orientés et influencés par le Rwanda.

Le ministre a qualifié le Rwanda d’« Empire du mensonge » et a dénoncé ce qu’il considère comme une manipulation des faits opérée par le président Paul Kagame. Selon lui, le Rwanda justifie son ingérence en RDC par trois arguments principaux : la question des réfugiés rwandais, l’accusation d’un discours de haine contre les Tutsis en RDC, et la prétendue menace des FDLR (Forces Démocratiques de Libération du Rwanda). Cependant, le ministre a vigoureusement déconstruit chacun de ces prétextes, rappelant que les FDLR ne représentent plus une menace sérieuse après plusieurs interventions militaires conjointes menées par la RDC et ses partenaires.

Un autre aspect fondamental abordé par le ministre a été le rôle stratégique des médias dans cette guerre du narratif. Patrick Muyaya a souligné que cette guerre ne se limite plus aux médias traditionnels, tels que la télévision, la radio et la presse écrite, mais s’étend désormais aux réseaux sociaux, où des influenceurs et des internautes jouent un rôle déterminant dans la diffusion des informations. Le ministre a insisté sur l’importance de la gestion de l’information et a détaillé les mesures prises par le gouvernement congolais pour lutter contre la désinformation.

Parmi ces mesures, il a mentionné l’authentification des sources officielles, un processus crucial pour garantir la fiabilité des informations diffusées. En effet, tous les comptes officiels du gouvernement doivent désormais être certifiés afin de lutter contre la propagation des fake news. Patrick Muyaya a également insisté sur la sensibilisation du public : dans un contexte où les rumeurs et les manipulations sont omniprésentes, il est essentiel que la population soit formée à distinguer les informations véridiques des spéculations. Enfin, il a souligné l’importance d’adapter le message aux spécificités de chaque plateforme numérique, afin d’atteindre le plus grand nombre de personnes sur des réseaux sociaux variés comme Twitter, Facebook, Instagram et TikTok.

Le ministre a également mis en garde contre l’émergence des « néo-sociologues », ces commentateurs non qualifiés qui, selon lui, inondent les plateformes numériques avec des analyses erronées. « Ces individus », a-t-il précisé, « alimentent la confusion et fragilisent la position de la RDC dans le débat international. Leur manque de professionnalisme et la diffusion d’informations incorrectes contribuent à perturber le dialogue et à déstabiliser l’image du pays à l’échelle mondiale ».

En conclusion, Patrick Muyaya a lancé « un appel solennel aux Congolais, et particulièrement aux étudiants et aux professionnels des médias, afin qu’ils s’approprient l’histoire de leur pays et défendent un narratif juste et équilibré ». Il a rappelé l’importance de dissocier le régime rwandais du peuple rwandais et a souligné que les deux nations sont destinées à coexister dans le respect mutuel, en bâtissant ensemble un avenir pacifique. Pour le ministre, il est impératif que la RDC affirme sa position de manière claire et ferme sur la scène internationale.

Son message final a été sans ambiguïté : « Pour gagner la guerre du narratif, la RDC doit s’appuyer sur une communication rigoureuse, des médias professionnels et une vigilance accrue face aux manipulations de l’information. »

Des personnalités du monde médiatique à l’instar du président du Conseil supérieur de l’Audiovisuel et de la communication (CSAC), Christian Bosembe, le journaliste de renom, correspondant de RFI, Pascal Mulengwa et le porte-parole militaire des FARDC, Sylvain Ekenge ont également livré à ces élites les contours de leurs missions en cette période de guerre.

Il est important de noter que l’Université Omnia Omnibus, jadis Institut Facultaire de Développement (IFAD) est une institution d’enseignement fondée et dirigée par l’archidiocèse de Kinshasa, relevant de l’Église catholique romaine.

Christiane EKAMBO

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