Allemagne: scrutin à haut risque en Bavière pour le gouvernement d’Angela Merkel

© Christof Stache, AFP | Le chancelier fédéral d’Autriche Sebastian Kurz lors d’un meeting de fin de campagne de la CSU à Munich, le 12 octobre 2018.

Angela Merkel est confrontée dimanche à un scrutin régional clé en Bavière qui risque de tourner au désastre pour son allié conservateur, à un moment où le gouvernement n’a jamais été aussi impopulaire.

Le scrutin régional qui se tient en Bavière, dimanche 14 octobre, pourrait bien être une débâcle électorale pour l’Union chrétienne-sociale (CSU), l’allié conservateur d’Angela Merkel au gouvernement. La CSU pourrait perdre sa majorité absolue dans ce riche État du Sud qu’elle gouverne presque sans partage depuis les années soixante.
De quoi déclencher une crise profonde au sein de ce parti – dont le président est le ministre de l’Intérieur Horst Seehofer – susceptible d’avoir aussi des répercussions sur le fragile exécutif à Berlin. Dans deux semaines, une autre élection en Hesse s’annonce très serrée cette fois pour le parti de centre-droit d’Angela Merkel, l’Union chrétienne-démocrate (CDU), qui gouverne le Land avec les écologistes.

ÉLECTIONS RÉGIONALES : LA BAVIÈRE FACE À LA MONTÉE DES VERTS ET DE L’EXTRÊME DROITE

Ces deux scrutins « affecteront la politique nationale et en conséquence la réputation de la chancelière », a d’ores et déjà prévenu le président de la Chambre des députés Wolfgang Schäuble, fidèle de longue date d’Angela Merkel. Les premières tendances à la sortie des urnes en Bavière seront annoncées vers 16h00 GMT.
« Notre paysage politique s’érode »
Au pouvoir de la première économie européenne depuis 13 ans, Angela Merkel est affaiblie dans le pays depuis les législatives du 24 septembre, marquée par une percée du parti Alternative pour l’Allemagne (AfD, extrême droite). L’ascension de l’AfD a été nourrie par l’arrivée de plus d’un million de réfugiés entre 2015 et 2016, même si la politique migratoire allemande est nettement plus restrictive depuis.
Il a fallu six mois à Angela Merkel pour former un gouvernement, avec un SPD en pleine crise et réticent à se lancer dans une nouvelle grande coalition.
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Un sondage publié jeudi a révélé toute l’ampleur du mécontentement des Allemands envers ce gouvernement. Le baromètre de la télévision publique ARD crédite le couple CDU/CSU d’un piètre 26 % des suffrages. Aux élections, ils avaient encore rassemblé près de 33 %.
Les sociaux-démocrates du SPD continuent leur descente aux enfers avec 15 %, devenant le quatrième parti au niveau national, derrière l’AfD (16 %) et les Verts (17 %). Des valeurs « catastrophiques », estime le journal Die Welt. « La CDU/CSU emboîte le pas du SPD et perd sa couronne de grand parti populaire. Notre paysage politique s’érode, est-ce juste le début ? », s’inquiète le journal conservateur.
Une coalition à venir en Bavière
Dans la catholique Bavière, la CSU est créditée de seulement 33 à 35 % des suffrages, alorq qu’elle en avait remporté 47,7 % en 2013. Le parti a essayé de pêcher dans l’électorat de l’extrême droite, n’hésitant pas à imiter sa rhétorique agressive contre les réfugiés, mais apparemment sans succès.
Horst Seehofer a même conduit le gouvernement à Berlin au bord de la rupture en exigeant un nouveau durcissement de la politique migratoire et en soutenant sans faille le chef du renseignement intérieur, soupçonné de collusion avec l’extrême-droite.
Pourtant, le parti qui menace le plus la CSU n’est pas l’AfD, mais les Verts (19 % des voix dans les sondages). « Enfin il va y avoir une démocratie en Bavière. L’hégémonie va arriver à sa fin », a twitté le co-chef de ce parti Robert Habeck, avant de platement s’excuser samedi face aux critiques.
Une chose semble certaine, la CSU devra se chercher un ou des partenaires pour une coalition. Les « Électeurs libres », crédités de 9 % et très proches idéologiquement, risquent de ne pas suffire. Les libéraux du FDP, s’ils passent la barre des 5 %, pourraient constituer une option supplémentaire. Le chef du gouvernement régional Markus Söder a pour le moment exclu toute alliance avec les écologistes. Mais reste à savoir s’il conservera son poste en cas de déconfiture électorale.
Avec AFP

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