La Déclaration sur l’élimination de la violence à l’égard des femmes a été adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies en 1993 en mémoire des sœurs Mirabal engagées contre la dictature en République dominicaine. Emprisonnées et torturées suite à leurs actes militants.
Elles furent assassinées le 25 novembre 1960. Cette déclaration définie la violence à l’égard des femmes comme tous actes de dirigés contre le sexe féminin, et causant ou pouvant causer un préjudice ou des souffrances physiques ou psychologiques. Coups et blessures, mariages forcés et précoces, mutilations génitales féminines, féminicide, viol, harcèlement sexuel, séquestration, lévirat, les femmes et filles subissent des violences physiques et psychologiques malgré les lois et mesures instaurées au Burkina Faso.
Ces pratiques néfastes persistent en raison des préjugés, des fortes pressions familiales et socioculturelles, l’acculturation, la perte de valeurs sociales positives, le déficit dans l’éducation sociale le manque de dénonciation et l’absence d’études sérieuses d’où l’impossibilité de mesurer l’ampleur exacte des types de violence.
Selon une enquête de base pour la Prospective Burkina 2025, 70% des répondants ne perçoivent pas le mariage précoce et forcé, le viol, les coups et blessures, l’excision, le harcèlement sexuel comme étant des violences faites aux femmes. L’exemple qui a frappé les esprits date du 23 mai 2017, lorsque Adjaratou Diessongo alias Adja Divine, artiste musicienne l’artiste, accusée de vol de bébé, a été violemment agressée par une foule mécontente alors qu’elle avait été interpellée par la Police.
Un fait qui a mobilisé la communauté artistique burkinabè et les associations de défense des droits des femmes. Le phénomène de violences faites aux femmes s’est aggravé avec le contexte d’insécurité. Selon des recherches opérées en 2019 par la cellule Norbert Zongo pour le journalisme d’investigation en Afrique de l’Ouest (Cenozo), avant la tuerie des 31 femmes d’Arbinda au Nord du Burkina le 24 décembre 2019, les hommes armés non identifiés (HANI) avaient jusque-là épargné la vie des femmes et des jeunes filles.
Mais depuis, celles-ci deviennent de plus en plus leurs cibles. Pendant que les unes sont emmenées et mariées de force, et utilisées comme des objets sexuels, les autres sont battues, séquestrées et violées sur place, parfois jusqu’à ce que mort s’ensuive. La plupart des victimes restent silencieuses dans les zones sous contrôle des groupes armés.
Enfin, un autre fait qui passe sous silence est le phénomène des employées domestiques. Ces filles, pour la plupart originaires des villages, à la recherche de travail domestique en ville et communément appelées « bonnes » sont souvent maltraitées.
La divergence des perceptions rend difficile la lutte, d’où l’urgence de mener des actions de sensibilisation, mieux assurer la prise en charge des victimes, renforcer et appliquer les textes en matière de violences faites aux femmes. En attendant le numéro vert d’alerte sur les violences basées sur le genre au Burkina est ouvert au 80 00 12 87.
Rachid Assade ZONGO
Journaliste Savane Médias/ Burkina Faso