Chaque dollar investi dans l’eau en Afrique rapporte au moins 7 dollars

A ce jour, les experts en la matière s’accordent que l’Afrique doit multiplier ses efforts en ce qui concerne la distribution d’eau à toute sa population pour parvenir à atteindre les objectifs de développement durable ( ODD ) d’ici 2030

Catarina de Albuquerque, PDG du partenariat mondial « Assainissement et Eau pour Tous » hébergé par l’UNICEF, estime que l’investissement des états dans l’eau potable est un moyen pour atteindre les objectifs climatiques.

Pour Catarina de Albuquerque, PDG du partenariat mondial « Assainissement et Eau pour Tous » hébergé par l’UNICEF et premier Rapporteuse Spécial des Nations Unies sur les droits humains à l’eau potable et à l’assainissement.

Pour atteindre l’objectif de l’eau potable et de l’assainissement pour tous d’ici 2030, l’Afrique devra presque tripler ses investissements actuels et mobiliser 30 milliards de dollars supplémentaires par an, fait-elle savoir, tout en soulignant que cette somme peut sembler considérable, alors qu’elle ne représente que moins de 2 % du PIB actuel du continent africain.

Elle ajoute que c’est également bien moins que les pertes annuelles estimées à 170 milliards de dollars dues à la raréfaction de l’eau, aux mauvaises conditions d’assainissement et aux maladies, rien qu’en Afrique subsaharienne.

Également premier Rapporteuse Spéciale des Nations Unies sur les droits humains à l’eau potable et à l’assainissement, Catarina regrette que les ministres des finances ne se soient pas montrés coopératifs à allouer des fonds à l’eau et à l’assainissement considérant ces services comme un fardeau pour les budgets publics.

« J’ai entendu dire que l’accès à l’eau était « trop cher » et « moins urgent que la lutte contre le changement climatique, une pandémie ou une urgence humanitaire. Nous ne pouvons pas atteindre les objectifs climatiques si les pays sont confrontés à une pénurie d’eau. Nous ne pouvons pas améliorer les soins de santé lorsque plus d’enfants de moins de cinq ans meurent d’une eau contaminée que des balles de guerre », a indiqué cette experte des Nations Unies sur les droits humains à l’eau potable et à l’assainissement.

Miser sur la volonté politique

La PDG du partenariat mondial « Assainissement et Eau pour Tous » pense que lorsque la volonté politique est mobilisée pour donner la priorité à l’eau et à l’assainissement, le financement suit. Des signes encourageants sont quand même perceptibles du côté.

A ce sujet, Catarina de Albuquerque rapporte les efforts de neuf gouvernements africains qui sont en voie d’augmenter les allocations budgétaires, les sources de financement innovantes et les plans de construction d’infrastructures d’eau et d’assainissement. Ces gouvernements se conforment des pactes présidentiels sur l’eau et l’assainissement.


Catarina de Albuquerque estime qu’il est impérieux que les ministres des finances sachent que l’eau et l’assainissement sont des actifs qui produisent des rendements économiques et financiers élevés. « Chaque dollar investi dans l’eau et l’assainissement résistant au climat en Afrique rapporte au moins 7 dollars », insiste PDG du partenariat mondial « Assainissement et Eau pour Tous.

Avec un brin d’espoir, Catarina de Albuquerque souligne : « De nombreux ministres des finances ont déjà pris des mesures positives pour financer l’eau et l’assainissement dans leur pays, et nous sommes ravis qu’ils partagent leur expertise. Il est temps de récolter les bénéfices ».

Des pistes des solutions

Estimant qu’investir dans l’eau et l’assainissement serait la voie pour récolter des bénéfices, la Rapporteuse Spéciale des Nations Unies sur les droits humains à l’eau potable et à l’assainissement formule quelques pistes des solutions pour les pays qui trainent les pas.

Des recommandations suivantes sont retenues:
– Instituer des tarifs bas pour tous les clients pour rendre l’eau et l’assainissement plus abordables pour les ménages les plus pauvres
 – Subventionner involontairement les ménages et les entreprises plus riches qui peuvent se permettre de payer plus;
– Utiliser les taxes pour financer les investissements en eau et en assainissement;
– Avoir une réglementation sectorielle plus stricte : des normes bien documentées avec des objectifs de performance, des lignes de redevabilité claires, des mesures incitatives et des sanctions.

Enfin, elle pense que la communauté internationale doit établir des relations avec les ministres des finances, en apportant les bons exemples de politiques qui peuvent permettre d’atteindre les objectifs de développement. C’est l’objectif de la prochaine Réunion des Ministres des Finances Afrique qui sera organisée le 31 octobre par Assainissement et Eau pour Tous (SWA), l’UNICEF et le Conseil des Ministres Africains de l’Eau (AMCOW).

Christiane EKAMBO