Claudia Sheinbaum, femme de gauche élue triomphalement présidente du Mexique


Claudia Sheinbaum, « la candidate de la continuité », a remporté haut la main l’élection présidentielle au Mexique. La leader de la gauche, héritière du président sortant Andres Manuel Lopez Obrador, promet la discipline budgétaire.


« Nous avons réussi, le temps des femmes est venu. » Dans le centre de Mexico, Isabel Gil a attendu trois heures dimanche soir devant le quartier général de sa candidate tout juste élue. Claudia Sheinbaum a célébré sa victoire sur une place du Zocalo pleine à craquer. Des centaines de milliers de personnes y ont afflué toute la journée et l’ont attendue jusqu’à une heure tardive de la soirée pour célébrer sa victoire.

Claudia Jimenez est venue avec toute sa famille. « Nous écrivons en ce moment un chapitre très important de l’histoire de notre pays », a-t-elle déclaré, émue. Avec un résultat compris entre 58,3 % et 60,7 % des voix selon les premiers résultats officiels, Claudia Sheinbaum, la candidate du parti au pouvoir Morena, a largement gagné l’élection présidentielle face à Xochitl Galvez de la coalition de la droite PRI-PAN-PRD (26,6 % – 28,8 %) et à Jorge Maynez du Mouvement citoyen (9,9 % – 10,8 %).

Participation record

Cette victoire historique s’est accompagnée d’une participation électorale record. Claudia Sheinbaum devient la toute première femme présidente du pays, en deux cents ans d’existence du Mexique, et également d’Amérique du Nord, tandis que chez le puissant voisin, aux Etats-Unis, la campagne électorale compliquée oppose deux hommes, âgés.


Issue d’une famille intellectuelle ancrée à gauche, Claudia Sheinbaum a fait ses premiers pas dans la politique mexicaine au sein des mouvements étudiants opposés aux politiques libérales à la fin des années 1980. Elle a ensuite embrassé une carrière de scientifique, diplômée d’un doctorat de l’Université autonome nationale du Mexique qu’elle a terminé à Berkeley en Californie.


En tant que spécialiste renommée des énergies renouvelables, elle a participé au Groupe d’experts international sur l’évolution du climat (Giec) en 2007. Elle est ensuite devenue la première femme à gouverner la ville de Mexico, de 2018 à 2023. Elle s’y est illustrée par des résultats positifs en matière d’environnement et de sécurité. Claudia Sheinbaum est aussi l’héritière du président sortant, Andres Manuel Lopez Obrador, qui l’a félicitée dès l’annonce des résultats.

Honnêteté et discipline budgétaire

Les premières paroles de la nouvelle présidente élue réitèrent l’engagement, qu’elle a pris pendant sa campagne, de prendre la même direction que son mentor : « Honnête, sans corruption et sans impunité. Ce sera un gouvernement de l’austérité, de la discipline financière et budgétaire et avec l’autonomie de la banque centrale du Mexique. »

Le mandat de son prédécesseur a été marqué par la mise en route de grands projets d’infrastructures, tels qu’un nouvel aéroport à Mexico, deux lignes ferroviaires et une raffinerie nationale. Claudia Sheinbaum promet de continuer sur cette voie.

Au moment où le Mexique voit comme une opportunité la relocalisation des entreprises internationales de l’Asie vers le continent américain, Claudia Sheinbaum veut faciliter « l’investissement privé national et étranger qui soutient le bien-être social et le développement régional, tant qu’il est dans le respect de l’environnement ».


Enorme point noir : l’insécurité

En plus des questions liées au changement climatique, la future cheffe de l’Etat sera très attendue sur le sujet de la forte insécurité au Mexique. Comme son prédécesseur dont un des slogans était « des accolades plutôt que des balles », plutôt que de mener une guerre contre les groupes criminels, notamment les narcotrafiquants, cinquièmes employeurs du pays, la nouvelle présidente prône une stratégie se concentrant sur les causes de la criminalité grâce à des programmes sociaux et à la réduction de la pauvreté.

Jusqu’à présent, cette politique a été un échec puisque la violence a encore augmenté : plus de 180.000 meurtres depuis 2018, un bilan presque digne d’une guerre. Il s’agit de l’un des nombreux défis qui attendent Claudia Sheinbaum après sa victoire au terme d’une journée électorale qui a coûté la vie à au moins cinq personnes dans différentes attaques contre un candidat et des bureaux de vote.

Avec LesEchos