« Le conflit s’enlise, la violence s’étend, et la souffrance des civils s’intensifie », Bintou Keita exprime son désarroi sur la situation de la RDC devant le Conseil des droits de l’homme à Genève

Bintou Keita, Représentante Spéciale du Secrétaire Générale des Nations-Unies et Cheffe de la Monusco en RDC

Lors de la 58ème session du Conseil des droits de l’homme, ce mardi 1er avril 2025, à Genève en Suisse, Mme Bintou Keita, Représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU pour la République Démocratique du Congo (RDC), a exprimé ses préoccupations croissantes face à l’aggravation de la situation des droits humains dans le pays, notamment dans l’est de la RDC, où le conflit se poursuit avec une violence de plus en plus intense.

Dans sa déclaration, Mme Keita a souligné que la situation s’était considérablement détériorée depuis sa dernière intervention en février 2025, notant que le conflit, loin de se stabiliser, s’est enlisée et que la souffrance des civils ne cessait de s’intensifier. « Le conflit s’enlise, la violence s’étend, et la souffrance des civils s’intensifie », a-t-elle affirmé, décrivant la situation comme urgente et nécessitant une action immédiate de la communauté internationale.

La Représentante spéciale a remercié le Haut-Commissaire aux droits de l’homme pour son engagement à maintenir l’attention du monde sur la crise en RDC, soulignant que cette situation ne doit pas être vue comme un problème isolé. « Il faut éviter que cette crise ne déborde vers l’ensemble de la région des Grands Lacs », a-t-elle averti, rappelant que la stabilité régionale dépend d’une résolution urgente de la situation en RDC.

Mme Keita a également salué les efforts déployés par l’Équipe d’experts internationaux, récemment envoyée en RDC pour continuer leur travail sur la justice et la lutte contre l’impunité. Elle a notamment salué le travail de la mission d’établissement des faits mandatée par le Conseil des droits de l’homme, appelant toutes les parties à soutenir et coopérer pleinement avec ce mécanisme essentiel.

Elle a également exprimé son soutien aux autorités congolaises qui, le 28 mars, ont annoncé leur intention de finaliser rapidement un cadre pour la justice transitionnelle, un pas qu’elle a qualifié de « bon début » dans le processus de réconciliation et de justice.

Cependant, Mme Keita a insisté sur le fait que, malgré ces efforts diplomatiques à Genève et à Kinshasa, la situation sur le terrain reste critique. « Les populations de l’est du pays souffrent d’un conflit prolongé », a-t-elle déclaré, rappelant les avancées du Mouvement du 23 mars, soutenu par les forces rwandaises, ainsi que l’activisme continu des ADF, de la CODECO et des divers groupes armés locaux comme les Wazalendo. Ces violences ont conduit à des souffrances dévastatrices pour les civils, notamment pour les enfants, les femmes et les personnes âgées, en particulier les milliers de déplacés internes.

D’après le Bureau Conjoint des Nations Unies pour les Droits de l’Homme, 1 099 violations des droits de l’homme ont été recensées depuis le début de l’année 2025, avec 88 % de ces violations ayant eu lieu dans les provinces en conflit. De plus, 71 % de ces violations ont été commises par des groupes armés, aggravant ainsi la situation déjà fragile dans la région.

Mme Keita a conclu en appelant à une coopération accrue entre les parties prenantes internationales, les autorités congolaises, et les acteurs locaux pour mettre fin à l’impunité, soutenir les mécanismes de justice transitionnelle et assurer la protection des populations civiles dans les zones de conflit. Elle a réitéré l’urgence de mettre en place des mesures concrètes pour mettre fin à l’escalade des violences et restaurer la paix et la sécurité en République Démocratique du Congo.

Christiane EKAMBO

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