L’OMEC tire la sonnette d’alarme sur la résurgence des dérives médiatiques versée dans l’intoxication (Communiqué)

Face à la résurgence des dérives médiatiques d’ordre éthique et déontologique observé dans la presse tant écrite qu’audiovisuelle et aussi en ligne, l’Observatoire des Médias Congolais (OMEC) tire la sonnette d’alarme. Au terme d’un travail de monitoring mené à fond, l’OMEC constate que le paquet des dérives médiatiques est toujours volumineux en violation des prescrits éthique et déontologique du métier d’informer. A lire l’intégralité du communiqué publié ce lundi 5 mai 2023.

 A quelques mois des élections présidentielles et législatives prévues en décembre prochain, le climat politique dans le pays s’annonce délétère.

Avant terme, nous assistons à des marches de « protestation » ou de « soutien » selon qu’on est dans tel ou tel clan politique, marches émaillées d’actes de violence suite à l’encadrement difficile des différents groupes par la Police Nationale.

La presse tant écrite qu’audiovisuelle, aussi en ligne perd du coup son ancrage éthique et déontologique, échappant ainsi au contrôle social. Elle s’est permis de relayer les propos haineux, médisants et violents de nombreux acteurs politiques.

Du travail de monitoring mené à cet effet durant cette courte période, il en découle malheureusement que le paquet des dérives médiatiques est toujours volumineux en violation des prescrits éthique et déontologique du métier d’informer.

En effet, les médias ont attisé délibérément des propos extrêmes qui contiennent des menaces, qui préconisent ou justifient la violence contre les membres d’un groupe identifiable, qui glissent sur le terrain tribal et ethnique, créant ainsi les conditions favorables à un surcroit de tension et d’affrontements physiques.

Au regard de ce constat inquiétant, l’Instance d’autorégulation des médias se croit au devoir de tirer la sonnette d’alarme avant que des dégâts irréparables, à même de compromettre la cohésion nationale, l’élan démocratique ne se commettent.

Les stigmates des exactions d’après les élections de 2018 sont encore frais dans le mental collectif. Les médias et leurs invités, enfreignent sciemment les prescrits éthiques et déontologiques du métier d’informer. Certains médias ont oublié ces prescrits du Code de déontologie des journalistes congolais.

C’est surtout cette tendance à l’intoxication plutôt qu’à l’information objective du public au point de mettre allègrement de l’huile au feu.

 Conséquences : des vies humaines ont été fauchées et des atrocités intercommunautaires furent commises dans le passé.

 Sur un échantillon des organes de presse choisis, les cas épinglés se résument en ceci :

 2 Bihebdomadaire La Percée, éd.n°1010 du jeudi 01 juin 2023

Les faits

Dans un article non signé, le Bihebdomadaire La Percée publie en manchette un article titré « Le pays va mal : un malaise entre Fatshi et Bemba » et affirme que « ….depuis un certain temps, l’opinion assiste à des événements qui sortent de l’ordinaire par rapport à la bonne marche du pays. Il serait donc question d’un malentendu qui réglerait entre le Chef de l’Etat Félix Antoine Tshisekedi et un membre du gouvernement en charge de la défense, Jean Pierre Bemba. Et de poursuivre : « Il faut dire que le Directeur de Cabinet de Jean-Pierre Bemba a été interpellé sans que l’on sache la vraie raison de cette interpellation…… Dans les couloirs politiques, on parle d’une prétendue lettre de démission qui serait prête de Jean Pierre Bemba ».

Appréciation : Il en vient donc à comprendre que l’auteur de l’article s’illustre dans la diffusion des fausses nouvelles, des nouvelles particulièrement alarmantes et non vérifiées visant à semer le désordre, la panique, la peur et l’insécurité au sein de l’opinion publique. L’article n’étant pas signé (article 4), la relation sur les faits allégués ne sont nullement avérés lorsque l’auteur écrit : « Il serait donc question d’un malentendu qui règnerait entre le Chef de l’Etat et un membre du gouvernement en Charge de la Défense… », ce qui tombe sous le coup de l’article 6.

De la violation de l’article 13 : L’auteur ne fait pas preuve de retenue dans la présentation des faits de nature à mettre en danger ou de nuire aux intérêts vitaux de l’Etat à travers les propos : « Un malentendu régnerait entre le Chef de l’Etat et un membre du Gouvernement en charge de la Défense…… ».

Dans un autre article, le même organe titre : « Qui veut faire taire les leaders Katangais ? » et signé par MCP/LP un acronyme. Il est affirmé que « depuis quatre ans que Joseph Kabila Kabange, un grand fils du Katanga a décidé de céder pacifiquement le pouvoir en République Démocratique du Congo, la communauté Katangaise est en proie à l’inquiétude et à l’incertitude.

En effet, il ne se passe pas un jour sans qu’un fils de cette province ne soit l’objet de menaces, harcèlement ou traitement discriminatoire ». Tels écrits violent l’article 5 du Code de déontologie des journalistes congolais : les accusations sans preuves, la déformation des faits, le mensonge, l’incitation à la haine ethnique et tribale ainsi que l’apologie de toute valeur négative dans la pratique quotidienne de son métier.

Dans un autre article, le Trihebdomadaire « DEBOUT CONGOLAIS NEWS » publie dans son édition n°001 du vendredi 26 mai 2023 titré : « Vitalité de la démocratie garantie en RDC par le régime Fatshi-Béton, marche de l’opposition : zéro mort, l’autorité de l’Etat a parlé pour faire respecter la loi » publié à la page 3 par Mutombo wa Mutombo, un Correspondant particulier.

 Il est affirmé « ….la queue entre les pattes, le quator de l’opposition bloc Lubumbashi projette un sit-in devant la Ceni le 25 mai 2023 » ; « vouloir ou pas se laisser marcher sur les pieds par une branche de l’opposition qui la défait… » ; « cette opposition est en panne d’imagination politique ».

 De bout en bout, le récit reste déséquilibré du fait que l’ensemble des points de vue ne se situe pas. Il en ressort clairement que l’auteur de l’article affiche un parti-pris systématiquement dans la relation des faits, loin de toute neutralité.

 Il a enfreint la règle de neutralité et de distanciation fondamentale. De ce qui précède, l’Omec en appelle à la prise de conscience par les professionnels des médias, de son rôle de modèle et porte-parole de la communauté en prêchant par l’exemple et par l’intériorisation des règles d’éthique et de déontologie plutôt de devenir des « oiseaux de malheur ».

 La presse congolaise a déjà fait le choix de la culture des valeurs en son sein en se débarrassant des travers qui autrefois ternissaient son image. Ce serment de respectabilité doit se poursuivre et se maintenir. Et l’effort de tous doit être renforcé au quotidien par des règles édictées par la corporation.

Fait à Kinshasa, le 05 juin 2023 Prof. MUNSOKO WA BOMBE

Secrétaire Exécutif