Au-moins 15 corps de civils ont été découverts dans la matinée de dimanche 14 avril 2024 dans les quartiers Kasanga-Tuha et Sayo de la commune Ruwenzori dans la ville de Beni, au Nord-Kivu, en l’Est de la RDC. Il s’agirait des cultivateurs décapités, puis abandonnés par des présumés rebelles de l’ADF, forces démocratiques alliées, cette rébellion ougandaise citée dans de nombreuses tueries de civils dans la région de Beni depuis des années.
L’émotion était grande dans la zone lors de la levée des corps couchés au sol dans leurs champs situés à Makene, Burutsu, Toda et Mundubiena.
« J’étais de l’équipe lors de la levée des corps. C’est une situation qui m’a fait pleurer. J’ai reconnu parmi eux un ami de longue date. Est-ce que les autorités nationales se mettent dans notre peau. Je pense que nous avons été abandonnés », dénonce un agent de la Croix-Rouge à Beni sous anonymat.
Un nouveau drame qui ne laisse pas indifférent la société civile urbaine de Beni. Son président ne cache pas son désarroi aux complices au sein des civils.
« Nous condamnons ces attaques de terrorisme qui s’imposent à notre population. Il est ici l’occasion de demander à toute personne, membre de la population de la ville de Beni et de partout ailleurs qui serait collaborateur de cet ennemi de se désolidariser le plus tôt possible », sensibilise Pépin Kavota sous une voix cassée.
Après la découverte macabre, c’est toujours la confusion qui règne même si l’ADF a toujours été incriminé. Pour le Président de la société civile urbaine de Beni : « Il a été remarqué que certains éléments de l’ordre sont en train s’en donner à la vente et à l’achat des cacaos, (Ndlr, c’est la saison culturale des cacaos dans la région. La production est abondante) », dénonce l’acteur des forces vives.
« Il est plus qu’urgent : trop c’est trop. Que les autorités à tous les niveaux, et surtout celles de l’état de siège, elles doivent s’activer pour mettre fin à cette barbarie », martèle Pépin Kavota.
Depuis le 17 mars dernier, la ville de Beni a comptabilisé 38 civils égorgés soit tués. Des faits imputés continuellement à l’ADF, cette rébellion nomade dans la région de Beni et dans certains territoires de de l’Ituri, une autre province sous état de siège, une administration militaire et policière à dater de 2021 en vue de mettre un terme aux violences armées et aux conflits, à l’instar du Nord-Kivu.
Djiress Baloki/ Jdn-Nord-Kivu