Diamants au fond de la mer
La Namibie se place parmi les dix plus gros producteurs de diamants au monde. Surtout, elle possède la plus grande réserve marine connue de diamants. Pour ce discret pays d’à peine deux millions d’habitants, les diamants marins représentent l’essentiel de la richesse, bientôt la totalité des gemmes ramassées.
Ce filon est exploité par la compagnie Debmarine, leader dans son domaine. Elle est détenue à parts égales par l’Etat namibien et la célèbre société De Beers.
Depuis 2002, Debmarine explore les fonds marins au large de la Namibie grâce à cinq bateaux équipés d’un matériel de haute technologie, tant dans le domaine du forage que celui du positionnement et de la surveillance.
C’est au début des années 60 qu’on a découvert que de grandes quantités de diamants avaient été charriées à la mer par le tumultueux fleuve Orange, le plus long d’Afrique du Sud (2100 km), dont le cours traverse le continent d’Est en Ouest. Un pétrolier texan, Sammy Collins, a lancé l’exploitation de ce trésor, d’abord par 20 mètres de fond puis jusqu’à 140 mètres. Au fil des ans, la Namibie a récolté environ 12 millions de carats dans l’océan, 1,2 million rien qu’en 2017.
Parmi les méthodes d’exploitation, la plus spectaculaire consiste à utiliser un long bras articulé de 280 tonnes qui va ramasser le sable du fond marin. C’est de ce sable remonté sur le bateau que seront extraits les diamants. Après traitement, les graviers repartent à la mer et les gemmes rejoignent le continent par avion. Jamais une main ne touche un diamant.
Debmarine exploite une zone de près de 6000 km². Le tiers seulement est susceptible de contenir des diamants et 80 km² seulement en possèdent. Mais la nature de ces diamants en vaut la peine. Car seul les plus résistants, donc les plus purs, ont pu survivre lors de la descente du fleuve Orange. 95% de ces diamants atteignent le niveau de qualité de pierre précieuse, contre 40 à 60% pour une exploitation terrestre.
Une ombre au tableau
Les scientifiques dénoncent ces méthodes d’exploitation qui détruisent les fonds marins. Selon Kirsten Thompson, professeure à l’Université d’Exeter, ;«les côtes de Namibie sont une zone importante notamment en raison de la présence d’espèces sédentaires et migratrices comme les requins, les baleines, les dauphins et les phoques», a-t-elle expliqué à CNN.
Debmarine défend pourtant une activité éco-responsable «qui est le cœur de notre engagement pour le futur de la Namibie». Selon l’entreprise, la nature reprend ses droits dès la fin des opérations dans une zone. De deux à dix ans à l’exception des terrains rocheux.
Mais l’exploitation offshore est devenue au fil du temps essentielle dans l’économie namibienne pour atteindre 75% de la production totale. La question est de savoir combien de temps durera cette exploitation. Sans doute encore 20 ans.