RDC: comment le phénomène « Branchement » crucifie l’enseignement supérieur et universitaire


Après l’obtention du diplôme d’Etat, la plupart des jeunes Congolais se voit dans l’obligation d’embrasser les études universitaires. Curieusement, dans ce pays où il y a plusieurs universités et instituts supérieurs, le niveau de l’enseignement reste déplorable. Les mauvaises pratiques ont gagné du terrain en milieu académique. Il s’agit d’une forme de corruption dénommée «branchement», en jargon universitaire en RDC. Donc, c’est le fait de monnayer les cotes et les étudiants ayant échoué aux examens, passent des classes sans notions en tête.
Ces antivaleurs sont, au fil des années, devenues une véritable coup de pouce pour la réussite de certains étudiants, mieux pour passer librement des classes. Une pratique qui constitue, d’une part, un danger permanent pour l’avenir de la jeunesse Congolaise, d’autre part, une source de revenus sûre pour certains enseignants (professeurs, chefs de travaux ou encore assistants), hormis leurs primes et salaires.
Actuellement, pour passer des promotions, d’une part, plusieurs étudiants congolais qui n’ont pas réalisé de bons points aux travaux pratiques, interrogations et examens négocient la cote acceptable auprès de certains professeurs, chefs de travaux ou assistants, moyennant une somme d’argent ou l’achat obligatoire des syllabus, questionnaires des TP et interrogations. En fin de compte, la plupart de ces étudiants s’avèrent incompétents dans les milieux professionnels, après leurs études universitaires.
Les entreprises qui les reçoivent en stage se plaignent et se posent la question sur l’avenir de l’enseignement universitaire en RDC. « Un étudiant finaliste du premier ou du second cycle de l’université qui n’est pas capable de tenir une conversation en français. Pire encore, l’écriture elle-même pose problème. Pour s’en convaincre, jeter juste un coup d’œil sur les feuilles de dictée et vous serez surpris », laisse entendre un responsable des stages dans un Trihebdomadaire paraissant à Kinshasa. Et de poursuivre: « lorsqu’un étudiant sait que pour passer de classe, il suffit de recourir au « branchement », il ne fera aucun effort pour étudier ».
Du côté de l’ISC/Gombe, Raphaël  Mbiyavanga, finaliste en Gestion informatique charge les assistants et chefs de travaux qui, selon elle, favorisent ces antivaleurs. « Ils font exprès de composer des travaux pratiques et interrogations difficiles pour amener les étudiants qui échoueront à les contacter pour un éventuel « branchement »» a-t-elle ajouté. Rihanne Ndongala, graduée en Sciences Commerciales, option Comptabilité à l’Université de Kinshasa, dénonce la vente des syllabus qui, selon lui,  doit être bannie en milieu universitaire pour lutter contre ce phénomène.
Gardant l’anonymat, un professeur de l’Université William Booth, soutient pour sa part que ce phénomène qui n’est rien d’autre que la corruption, est un mal qui touche le pays dans son ensemble. Le Gouvernement à sa part de responsabilité et il en est de même pour les professeurs ainsi que les parents des étudiants. Selon lui, « chacun doit jouer pleinement son rôle pour préparer une génération meilleure des jeunes congolais. Une génération qui va constituer une élite certaine afin de conduire notre pays à bon port».

René KANZUKU

Laisser un commentaire