Au Nord-Kivu, les présidents des coordinations de la société civile des villes de Butembo et de Beni, ainsi que des territoires de Beni et de Lubero, exhortent le ministre de la Défense à effectuer une mission d’itinérance dans l’Est du pays. Cela constituerait une voie « pour s’imprégner davantage de la situation sécuritaire et humanitaire très dégradée » engendrée par l’activisme du M23 et des ADF, voire par le banditisme urbain, en dépit de l’état de siège, ce régime d’exception instauré pour faire face aux violences armées et aux conflits dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri.
La terreur et la désolation gagnent sans cesse les esprits dans l’Est du pays, frappé par un fléau sécuritaire. Le samedi 21 décembre 2024, les acteurs de la société civile du Grand Nord se sont réunis à Butembo, cette ville d’environ un million d’habitants, qui héberge des milliers de déplacés de guerre, pour en parler lors d’une assemblée extraordinaire.
Au cours des assises, les participants ont passé en revue le climat sécuritaire et humanitaire dans leurs entités, tant rurales qu’urbaines. Dans l’ensemble, les signaux sont au rouge en raison des atrocités recensées et attribuées aux rebelles du M23 et des ADF, cette rébellion ougandaise particulièrement violente dans la région de Beni-Ituri.
« Les Congolais sont tués sous l’œil impuissant de la communauté internationale. L’heure est très grave. Trente ans d’atrocités, de crimes graves, de tueries, de massacres, de pillages systématiques de nos ressources, c’est trop ! », ont déclaré ces leaders communautaires dans leur communiqué final transmis à journaldesnations.net.
Face à la précarité de la situation sécuritaire dans plusieurs zones, ils expriment le désir de voir l’ensemble du gouvernement s’engager davantage pour soutenir la coalition des Forces armées congolaises, appuyées par les jeunes patriotes (Wazalendo), résolus à mettre un terme aux exactions de l’armée rwandaise sous le label du M23 et des ADF dans les régions où ces groupes imposent leur loi. Cela inclut notamment le territoire de Lubero, où des milliers d’habitants ont abandonné leurs villages, ainsi que leurs champs et élevages, en raison de la progression du M23.
« Il revient au ministre de la Défense de mobiliser l’ensemble du gouvernement afin de donner des moyens conséquents au commandement militaire pour combattre et faire taire les rebellions qui endeuillent les populations de l’Est, et ce, pour la protection de l’intégrité du territoire national, en effectuant une mission d’itinérance pour renforcer le moral des militaires au front », lit-on dans leur document.
Dans leur série de recommandations, ces derniers n’ont pas manqué de porter haut la voix des jeunes patriotes, qui déplorent, depuis un certain temps, une mauvaise prise en charge par le gouvernement, alors qu’ils combattent aux côtés de l’armée nationale depuis la recrudescence de la rébellion, défaite pour la première fois en 2012, avant de renaître en 2022.
Djiress BALOKI/ Grands Lacs