Dans l’Est de la République démocratique du Congo, le groupe armé M23, appuyé par l’armée rwandaise, aurait exécuté sommairement plus de 140 civils entre le 10 et le 30 juillet 2025 dans au moins 14 villages et zones agricoles situés à proximité du parc national des Virunga, dans le territoire de Rutshuru (Nord-Kivu). L’information a été rendue publique le mercredi 20 août par Human Rights Watch (HRW).
Selon le rapport de l’organisation de défense des droits humains, les victimes, majoritairement issues de la communauté hutu, auraient été massacrées dans leurs maisons, dans leurs champs ou encore près de la rivière Rutshuru, dans des zones alors sous contrôle du M23.
« Les tueries ont été recensées notamment à Busesa, Kakoro, Kafuru, Kasave, Katanga, Katemba, Katwiguru, Kihito, Kiseguru, Kongo, Lubumbashi, Nyamilima, Nyabanira et Rubare », précise HRW. Le bilan provisoire fait état d’au moins 140 morts, mais pourrait dépasser 300, ce qui constituerait l’un des pires massacres attribués au M23 depuis sa résurgence fin 2021.
L’organisation souligne par ailleurs que des témoignages concordants et des éléments recueillis par l’ONU mettent en cause la Force de défense rwandaise (FDR), accusée d’avoir directement participé aux opérations.
Témoignages et preuves matérielles
Entre mi-juillet et mi-août, HRW a interrogé 36 personnes, dont 25 témoins directs, ainsi que des acteurs locaux, des soignants, des militaires et des agents des Nations Unies. Des vidéos, photographies, images satellites et rapports médico-légaux ont également été analysés pour confirmer les faits.
De son côté, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) a fait état d’« au moins 319 civils tués par le M23 avec l’appui de soldats rwandais » entre le 9 et le 21 juillet.
Réactions et démentis
Human Rights Watch affirme avoir adressé des courriers aux autorités rwandaises, au président du M23, Bertrand Bisimwa, ainsi qu’à l’Alliance Fleuve Congo (AFC), coalition politico-militaire dont le M23 fait partie. Si aucune réponse n’a été fournie, Kigali et l’AFC ont rejeté en bloc les accusations, attribuant ces crimes à des groupes armés rivaux.
« À moins que les responsables de ces crimes de guerre, y compris aux plus hauts niveaux, fassent l’objet d’enquêtes et de sanctions appropriées, ces atrocités ne feront que s’intensifier », a prévenu Clémentine de Montjoye, chercheuse principale sur les Grands Lacs à HRW.
HRW exhorte la communauté internationale, en particulier les Nations Unies et l’Union africaine, à diligenter des enquêtes et à sanctionner les auteurs de ces crimes afin de mettre fin à l’impunité qui perdure dans l’Est de la RDC.
Journal Des Nations