Plusieurs mouvements citoyens réunis au sein du Bureau de coordination de la société civile de la province du Sud-Kivu sont descendus dans la rue ce mercredi 8 janvier 2024 pour exiger l’ouverture d’une enquête judiciaire sur l’exploitation des minerais par des ressortissants chinois. La fermeture des frontières entre la République Démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda, suite à l’agression du M23, a également été exigée.
Lors de la lecture du mémorandum par la présidente de cette structure citoyenne, Me Néné Bintu Iragi, la société civile s’est interrogée sur la contrepartie des minerais en provenance des territoires, dont la population locale devrait bénéficier, et qui pourrait aider à construire les routes de la province du Sud-Kivu, qui se trouvent dans un état de délabrement très avancé, sous le regard des autorités politico-administratives qui autorisent cette exploitation.
« Comment faire comprendre à la population qu’on appréhende les fraudeurs, qu’on saisit les minerais et d’importantes sommes d’argent, et qu’on se dispute entre Congolais pour finalement décider que l’argent doit partir à Kinshasa, alors que la province et les entités territoriales décentralisées ont aussi droit au développement ? Désormais, presque chaque acteur politique à Kinshasa a ses Chinois », lit-on dans leur mémorandum.
Les acteurs politiques de la province du Sud-Kivu, à qui le président de la République a offert des postes gracieusement, ont également été remis en cause. En effet, depuis le début du dossier « Exploitation illicite des minerais au Sud-Kivu par les Chinois », ces derniers n’ont pas pris la parole, alors que leur province est en danger. Ils seraient soupçonnés d’avoir des intérêts cachés dans ce pillage des ressources minières.
À cet effet, les autorités ont été appelées à s’impliquer en dotant le pays d’une politique de gestion saine des ressources naturelles, au profit des générations actuelles et futures, afin que justice soit rendue aux communautés victimes du pillage des ressources.
Faisant d’une pierre deux coups, la société civile, à travers son Bureau de coordination, a saisi le parquet général du Sud-Kivu en exigeant l’ouverture d’une enquête judiciaire sur l’exploitation illégale des minerais de Karhembo, en territoire de Walungu, mais aussi sur les violations des droits humains et environnementaux dans différents territoires de la province, en particulier Mwenga, Fizi, Kabare, Shabunda et Kalehe.
Notons que la marche pacifique de ce mercredi avait également pour objectif de dénoncer l’agression rwandaise dans l’Est de la RDC. Les acteurs sociaux ont ainsi exigé la fermeture des frontières entre les deux pays. Ils ont annoncé des actions citoyennes pendant trois jours, à partir de ce jeudi 9 janvier 2025, au niveau de certaines frontières de la province.
Justine NTAMWENGE