L’augmentation des droits de douane sur 200 milliards de dollars de produits chinois décidée par Donald Trump est entrée en vigueur vendredi, renforçant les tensions entre les deux puissances. Pékin menace Washington de représailles.
L’ombre des tarifs douaniers renforcés désormais en vigueur plane sur les négociations commerciales entre Washington et Pékin. Les deux puissances poursuivent vendredi 10 mai leurs négociations pour arracher un accord commercial dans un climat tendu. La hausse de 10 à 25 % des droits de douane supplémentaires sur 200 milliards de dollars de biens chinois est entrée en vigueur à 0 h 01, heure de Washington, et menace l’issue des discussions.
La Chine a indiqué vendredi qu’elle allait prendre des mesures de représailles, quelques minutes après l’entrée en vigueur de l’augmentation des droits de douane.
Cette hausse était suspendue depuis janvier par Donald Trump pour permettre aux deux parties de discuter dans une plus grande sérénité. Mais le président a décidé de la remette au goût du jour, arguant que les discussions n’allaient pas assez vite et doutant de la bonne foi des négociateurs chinois. « L’ambassadeur (Robert) Lighthizer et le secrétaire au Trésor (Steven) Mnuchin ont rencontré le président (Donald) Trump pour discuter des négociations commerciales en cours avec la Chine », a indiqué jeudi soir un porte-parole de la Maison Blanche, Judd Deere.
Des négociations « prometteuses »
Les ministres du président américain ont eu « un dîner de travail avec le vice-Premier ministre chinois Liu He » au cours duquel ils sont convenus de poursuivre les discussions vendredi matin dans les bureaux de Robert Lighthizer, non loin de la Maison Blanche, a-t-il indiqué.
Une augmentation des droits de douane est « dommageable » pour les deux économies, avait indiqué Liu He à la télévision publique chinoise avant le début des discussions jeudi. Ce dernier avait toutefois estimé que les négociations étaient « prometteuses » et assuré qu’il avait fait le déplacement à Washington « avec sincérité ».
Il rétorquait indirectement aux accusations de Robert Lighthizer et Steven Mnuchin qui ont affirmé lundi que la Chine était revenue sur ses engagements pris lors de précédentes sessions de négociations, une accusation infondée selon Pékin.
Washington exige des changements profonds
Jeudi, les négociations avaient repris dans un climat d’apaisement relatif, Donald Trump estimant toujours « possible » un accord cette semaine. Il a aussi révélé avoir reçu une « belle lettre » de son homologue chinois avec lequel il doit s’entretenir par téléphone, à une date non dévoilée.
La pression sur les épaules des négociateurs est forte puisqu’il s’agit de refonder la relation commerciale entre les deux premières puissances économiques mondiales qui se disputent la domination dans les hautes technologies du futur.
L’administration Trump exige la réduction du colossal déficit commercial américain avec la Chine, des « changements structurels » tels que la fin du transfert forcé des technologies ainsi que la protection de la propriété intellectuelle américaine. Elle demande également la fin des subventions aux entreprises d’État, celles-là mêmes qui portent le plan stratégique de l’État chinois, « Made in China 2025 ».
Un marché mondial troublé par les négociations sino-américaines
Ces discussions, qui étaient présentées il y a encore quelques jours comme les dernières avant un sommet entre les deux présidents destiné à signer un accord bilatéral historique, semblent d’autant plus incertaines que Donald Trump a jeté le trouble en estimant que les tarifs douaniers était une « alternative excellente » à un accord.
Le porte-parole du Fonds monétaire international (FMI), Gerry Rice, a averti de son côté qu’un conflit durable entre les deux premières puissances du monde risquait de saper la croissance mondiale.
Les tensions sino-américaines troublent en outre les marchés financiers, qui oscillent au gré des menaces ou au contraire des gestes d’apaisement. Vendredi matin, les Bourses chinoises ont ainsi ouvert en hausse après avoir clôturé en baisse la veille.
Avec AFP