Un véhicule transportant de l’aide humanitaire a été incendié dans la nuit du mardi 7 octobre 2025 à Oicha, chef-lieu du territoire de Beni, au Nord-Kivu.
Selon plusieurs sources locales, ce véhicule faisait partie d’un convoi de deux camions partis de Beni pour Eringeti dans le cadre d’une opération d’assistance aux personnes déplacées. L’un des camions a été brûlé par des jeunes de la commune, qui soupçonnaient une complicité avec les rebelles ADF.
Un convoi mal compris
Les deux véhicules, appartenant à l’entreprise Loholu, transportaient de la farine offerte par l’ONG ADSSE, avec le soutien de l’UNICEF. Ils avaient quitté la ville de Beni vers 14 heures, mais ne sont arrivés à Oicha qu’aux alentours de 20 heures. En chemin, à l’entrée sud de la commune, dans le quartier Tandibu, les chauffeurs se sont brièvement arrêtés pour mieux fixer leur chargement.
Cependant, cet arrêt a été mal interprété par des jeunes du quartier, déjà méfiants en raison de l’insécurité persistante dans la région. Craignant un lien avec les ADF, ils ont poursuivi les camions jusqu’à Masosi, où l’un des deux véhicules a été incendié avec tout son contenu. Le second a pu être sauvé grâce à l’intervention rapide de la Police nationale congolaise (PNC).
Le chargé de communication de l’ONG ADSSE, Papy Mwiti, a appelé la population au calme et apporté des précisions sur l’incident :
« Contrairement aux rumeurs selon lesquelles nos vivres auraient été déchargés pour une destination inconnue, c’est faux. Nous collaborons régulièrement avec nos partenaires logistiques, et jusqu’à présent, aucun vol ni détournement n’a été signalé ».
Les jeunes interpellent sur la lenteur du convoi
De son côté, le Parlement des jeunes de la commune d’Oicha a condamné cet acte de justice populaire, tout en exprimant des interrogations sur la durée du trajet :
« Comment un véhicule peut-il mettre six heures pour parcourir seulement 20 kilomètres entre Beni et Oicha ? Cela pose problème. Les ONG doivent aussi mieux communiquer pour éviter ce genre de malentendus », a déclaré Charles-Valéry Kacereka, rapporteur du Parlement des jeunes.
La société civile appelle à la retenue
Pour la société civile locale, cet incident constitue une perte importante, non seulement pour les bénéficiaires de l’aide humanitaire, mais aussi pour l’économie locale :
» Ce véhicule ne venait pas de l’ADF. Il appartient à un opérateur économique local, un père de famille. En brûlant ce bien, c’est nous-mêmes que nous appauvrissons. L’ennemi se réjouit quand nous commettons ce genre d’erreurs », a déploré Darius Syayira, rapporteur de la société civile à Oicha.
Il a invité la population à faire preuve de responsabilité, à éviter les jugements hâtifs et à faire confiance aux autorités lorsqu’un doute survient.
L’importance d’une meilleure communication
Ce drame rappelle qu’en zone de conflit, une simple incompréhension peut provoquer de lourdes conséquences. La peur, le manque d’information et la méfiance généralisée rendent la population vulnérable aux rumeurs. Pour prévenir d’autres incidents, les ONG, les autorités locales et la population doivent renforcer la communication et la confiance mutuelle.
Gloire Tsongo, depuis Beni