Beni : les drogues, principales causes des troubles mentaux chez les jeunes à Oïcha

À Oïcha, chef-lieu du territoire de Beni, dans la province du Nord-Kivu, la situation de la santé mentale prend une tournure alarmante. Selon les infirmières Kavira Shyaghuswa Esther, du Centre de Protection des Indigents et Malades Mentaux (CEPIMA), et Vudjavuzima Charlotte Angombé, du Centre psychiatrique Antioche, plus de 80 % des cas de troubles mentaux recensés concernent des jeunes ayant consommé des substances psychoactives.

Les drogues incriminées sont principalement le chanvre, les boissons fortement alcoolisées, le tabac, ainsi que diverses substances psychoactives disponibles sur le marché noir.

Parmi les patients en traitement, un jeune homme de 23 ans témoigne de son parcours douloureux :

« Ça fait deux ans que je consommais de l’alcool tous les jours. Je fumais aussi du tabac. Aujourd’hui, je suis malade, et je le regrette. J’invite mes frères à arrêter pendant qu’il est encore temps, pour ne pas finir comme moi. »

Aujourd’hui suivi médicalement, ce jeune plaide pour une prise de conscience collective face aux ravages de la consommation de drogues.

Malgré les efforts fournis par les centres spécialisés, les soignantes déplorent un phénomène de rechute préoccupant. Nombreux sont les patients qui, après avoir retrouvé une certaine stabilité, replongent dans la dépendance en raison de l’absence de structures d’accompagnement post-traitement.

« Plusieurs jeunes retombent dans la toxicomanie faute de suivi et d’encadrement. Nous devons renforcer la sensibilisation dans les familles, les écoles et les quartiers », insiste Mme Vudjavuzima.

Face à cette spirale destructrice, les professionnelles de santé appellent le gouvernement congolais à des mesures concrètes et urgentes, parmi lesquelles :

  • L’interdiction de la vente libre de boissons fortement alcoolisées ;
  • Le renforcement de la lutte contre la circulation des drogues ;
  • Le soutien financier et matériel aux centres psychiatriques ;
  • L’intensification des campagnes de sensibilisation, particulièrement dans les milieux jeunes.

« Il faut agir tant qu’il est encore temps, car nous perdons chaque jour une partie de notre jeunesse dans cette spirale destructrice », alertent-elles d’une même voix.

Gloire TSONGO/Beni

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