Une vague d’émotion a traversé la Chine à l’annonce du décès du physicien Chen Ning Yang, lauréat du prix Nobel de physique en 1957, survenu samedi à Beijing à l’âge de 103 ans. Considéré comme l’un des plus grands scientifiques du XXᵉ siècle, M. Yang laisse derrière lui un héritage scientifique et moral qui a profondément marqué la recherche chinoise.
Sur les réseaux sociaux, les hommages se multiplient. Les internautes saluent « un géant de la science » et « un pont entre les civilisations chinoise et occidentale ». Pour beaucoup, son parcours symbolise la renaissance intellectuelle et scientifique de la Chine moderne.
Né en 1922 à Hefei, dans la province de l’Anhui, Chen Ning Yang a connu la Chine des guerres et de la pauvreté avant de poursuivre ses études aux États-Unis. Ses travaux, menés avec Tsung-Dao Lee, ont bouleversé la physique en démontrant que la loi de conservation de la parité pouvait être violée dans certaines interactions une découverte qui leur valut le prix Nobel. Quelques années plus tard, sa théorie de jauge, élaborée avec Robert Mills, posa les bases du modèle standard de la physique des particules.
Revenu en Chine à la fin des années 1990, M. Yang a consacré la dernière partie de sa vie à la formation des jeunes talents à l’Université Tsinghua, où il fut professeur et directeur honoraire du Centre d’études avancées. Selon le physicien Zhu Bangfen, « il voyait dans l’éducation des esprits les plus brillants de Chine sa mission essentielle ».
Jusqu’à un âge avancé, le savant restait proche de ses étudiants, donnant encore des cours à 82 ans. « C’était un maître humble, visionnaire et profondément attaché à la jeunesse scientifique », a témoigné la professeure Wang Xiaoyun.
Son influence dépasse le monde académique. En contribuant à la modernisation de la recherche et en incarnant la confiance retrouvée de la Chine dans les sciences fondamentales, Chen Ning Yang a marqué durablement la mémoire collective.
À Hefei, sa ville natale devenue un pôle scientifique majeur, ses compatriotes lui rendent hommage comme à un patriote ayant consacré sa vie à la science et au progrès national.
« Son dévouement à la science et son amour pour la patrie seront transmis aux jeunes générations », a déclaré Kuang Guangli, directeur du Laboratoire des hauts champs magnétiques de l’Académie des sciences de Chine.
Christiane EKAMBO