La communauté pygmée installée à Eringeti, dans le groupement Bambuba-Kisiki (territoire de Beni, Nord-Kivu), alerte sur la précarité croissante qu’elle subit à cause de l’activisme persistant des rebelles ADF.
Chassés de leur milieu naturel, ces habitants disent être privés de leurs moyens traditionnels de subsistance.
Dans une déclaration faite à la presse ce dimanche 24 août 2025, Isaka Lumande, l’un des leaders de cette communauté, a lancé un appel pressant aux autorités afin d’intensifier les opérations militaires pour rétablir la sécurité.
Selon lui, seule la pacification de la région permettrait aux Pygmées de regagner la forêt, leur cadre de vie ancestral.
« Même nos pygmées n’accèdent plus à leurs champs. La situation est très mauvaise, notamment à Tingwe et chez Mama Neema, où nous avons récemment vu des traces de l’ennemi. La forêt est notre source de vie. Aujourd’hui, nous vivons dans la peur et la souffrance. Nous demandons aux militaires, y compris aux troupes ougandaises présentes, de sécuriser la zone pour que nous retrouvions nos habitudes de chasse et de culture », a-t-il déclaré.
L’impossibilité d’accéder aux forêts pousse plusieurs familles à la misère, explique-t-il, ce qui entraîne des accusations récurrentes de vols dans les champs des agriculteurs voisins.
« Si la guerre prend fin, nous cultiverons nos propres terres et planterons nos bananiers. Que le gouvernement s’emploie à éradiquer définitivement ce phénomène », a insisté Isaka Lumande.
Dans la zone, de nombreux agriculteurs reprochent en effet aux Pygmées d’être responsables de vols de produits vivriers et de cacao. Une situation que ces derniers attribuent à leur expulsion forcée des forêts, conséquence directe des attaques rebelles, qui les prive de leurs moyens traditionnels de survie.
La persistance de l’insécurité à Eringeti et dans ses environs continue ainsi d’exacerber les tensions sociales entre communautés, tandis que les efforts militaires peinent encore à neutraliser totalement la menace ADF.
Gloire Tsongo, Beni
