Le dossier du massacre de Yumbi, dans la province de Mai-Ndombe, est loin d’être clos. L’équipe des enquêteurs de l’Organisation des Nations-Unies vient de pubier son rapport tout en dénonçant une violence « facilitée par labsence de l’État » et des tueries « planifiées », indique un document du Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme. Selon l’ONU, les massacres de Yumbi, qui ont eu lieu en décembre 2018, pourraient constituer des crimes contre l’humanité.
Ces violences intercommunautaires ont fait au moins 535 morts et 111 blessés dans cette partie ouest de la RD-Congo. Tels sont les chiffres avancés par une mission des Nations unies qui a enquêté du 17 au 26 janvier dans la région de Yumbi, où des tueries de civils ont eu lieu les 16 et 17 décembre 2018 suite à un conflit entre les communautés Batende et Banunu. « Les attaques contre des populations banunu dans les localités de Yumbi, Bongende et Nkolo II ont fait au moins 535 morts et 111 blessés», soulignent les enquêteurs de l’ONU.
De plus, au moins 967 bâtiments, principalement des habitations, mais aussi quatorze églises, dix-sept écoles et cinq centres de santé ont été pillés et/ou détruits, peut-on lire dans le document du BCNUDH. Et de poursuivre que « la nature systématique des mutilations sexuelles commises à l’encontre des hommes, femmes et enfants de la communauté Banunu, bien qu’opérées post mortem dans la plupart des cas, pourrait être constitutive de crimes contre l’humanité par violence sexuelle».
«Certaines sources ont mentionné la mort denviron 100 membres de la communauté batende à Yumbi, mais l’équipe n’a pas collecté d’éléments attestant cette information », selon toujours l’ONU, qui n’a pas été en mesure de confirmer le nombre de personnes jusque-là portées disparues à la suite de ces violences.
À en croire les enquêteurs, ce conflit intercommunautaire a occasionné le déplacement de plus 19 000 personnes dont la grande partie se trouve au Congo Brazzaville.
Il convient de rappeler, selon certaines sources, des membres de la communauté Batende ont massacré des personnes appartenant à celle des Banunu, en représailles, après l’enterrement d’un chef coutumier Banunu dans un terrain contesté par les Batende.
Les suspects restent inconnus
Une certaine opinion s’interroge alors à qui profite cet acte de barbarie. Déjà, le gouverneur sortant de la province de Mai-Ndombe, Gentiny Ngobila -qui serait candidat gouverneur de Kinshasa pour le compte du Front commun pour le Congo-FCC- a du mal à se débarrasser du sang des victimes des tueries de Yumbi. Une plainte des victimes a été déposée contre lui le 23 février dernier à l’Auditorat de Kinshasa/Gombe avec comme intitulé « plainte à charge de Mr Gentiny Ngobila et consorts en rapport avec la situation des massacres génocidaires de Yumbi et ses environs contre le peuple Banunu-Bobangi ».
Les plaignants qui sont les membres de la communauté pointent du doigt accusateur le gouv’ Gentiny qui, selon eux, serait le maître d’orcherstre et commenditaire. Seule la justice déterminera les auteurs de ce massacre. Les victimes implorent l’implication des autorités jusdiciaires pour établir la vérité et connaitre à qui ont profité les tuéries de Yumbi et pour quelle raison.
Patrick NZAZI