Le développement de l’Intelligence Artificielle (IA) doit se faire en respectant un équilibre entre la souveraineté des États et l’importance de l’interopérabilité, a déclaré Amal El Fallah Seghrouchni, ministre déléguée chargée de la Transition numérique et de la Réforme de l’administration, lors de sa participation au Sommet mondial du numérique à Washington, le 18 mars 2025.
Lors de ce sommet, qui s’est tenu au siège de la Banque mondiale, Mme Seghrouchni a expliqué que « le Maroc privilégie une approche hybride où les pays conservent le contrôle sur leurs infrastructures critiques et leurs données sensibles, tout en s’engageant dans un écosystème de l’IA collaboratif, ouvert et sécurisé ». Elle a souligné que « cette stratégie permettrait de concilier les avantages des systèmes d’IA mondiaux avec le développement de capacités locales et souveraines ».
« Le Maroc aspire à adopter une stratégie équilibrée qui combine les bénéfices des systèmes mondiaux d’IA tout en favorisant la création de capacités locales. Cette approche permet de garantir que l’IA puisse servir de manière sûre, éthique et inclusive tous les citoyens », a-t-elle précisé.
En revenant sur les avancées du Maroc dans le domaine des infrastructures liées à l’IA, la ministre a rappelé que « le Royaume a inauguré en 2020 le plus grand datacenter d’Afrique, avec une capacité de 3,1 petaflops ». Elle a également annoncé que « d’autres centres de données seraient prochainement construits, et que le Maroc ambitionne de devenir un centre d’excellence pour l’IA et la technologie en Afrique, avec l’accueil d’un centre de l’ONU pour l’Afrique et les pays arabes ».
Grâce à ces initiatives, le Maroc a gagné 11 places en 2024 dans le classement international du Global Digitalization Index. « Nous avons pour ambition de figurer parmi les premiers pays, voire le premier pays africain, d’ici 2030 », a-t-elle ajouté.
Les avancées technologiques du Maroc en matière d’IA lui confèrent une visibilité accrue sur le continent africain, positionnant le pays comme un acteur clé du numérique et de l’IA à l’échelle régionale.
Mme Seghrouchni a également évoqué les efforts du Maroc sur le plan international, citant la participation du Royaume au Comité spécial d’experts de l’UNESCO, qui a élaboré le premier cadre normatif mondial sur l’éthique de l’IA. Elle a aussi rappelé la co-parrainage, avec les États-Unis, de la première résolution de l’ONU sur l’IA, ainsi que l’engagement du Maroc pour promouvoir l’IA responsable et éthique, notamment en Afrique.
Sur le plan national, le Maroc a fait de l’accès au numérique une priorité stratégique, atteignant des taux de connectivité élevés grâce à des politiques publiques volontaristes, notamment le Plan national pour le développement du haut et très haut débit (PNHD). Le gouvernement marocain travaille également à la modernisation de ses infrastructures de télécommunications et à l’expansion de son réseau, avec des projets de déploiement de nouvelles antennes, en particulier dans les villes qui accueilleront des événements mondiaux majeurs, comme la Coupe d’Afrique en 2025 et la Coupe du monde 2030.
Ce Sommet mondial du numérique, dont le thème était « Voies numériques pour tous », a réuni un panel d’intervenants composés de responsables gouvernementaux, d’experts du secteur privé, ainsi que de représentants d’organisations partenaires de la Banque mondiale. Les discussions ont porté sur l’avenir du développement numérique, les dynamiques de transformation en cours et les solutions aux défis posés par la digitalisation.
Christiane EKAMBO