Les chefs d’état africains multiplient les stratégies pour venir à bout d’ici 2020 des maladies spécifiques qui minent leur région. Chaque année, ils procèdent à l’évaluation des progrès et difficultés par rapport à l’obtention de résultats équitables en matière de santé. Tous réunis au sein de l’Alliance des dirigeants africains contre le paludisme –ALMA-, ils ont pris la ferme résolution d’aligner les maladies tropicales négligées-MTN- au même niveau que le paludisme, le 28 janvier dernier lors du 30e sommet des chefs d’État africains à ADDIS-ABEBA en Ethiopie. Les MTN, le paludisme et la santé maternelle et infantile deviennent ainsi les principales priorités de santé pour le continent. Au moment où le monde s’investit dans les recherches et les appels des fonds pour lutter contre les maladies de ces derniers siècles tels que le sida, le cancer et l’hépatite, l’Afrique compte encore ses morts avec des maladies propres à elles. Les maladies dites maladies tropicales négligées affectent les populations des zones reculées de l’afrique sub-saharienne. « Ajouter les MTN à notre tableau de bord contribuera à donner aux gouvernants les informations dont ils ont besoin pour briser le cycle de la pauvreté, et permettre à chacun, où qu’il vive, d’accéder aux soins dont il a besoin », a indiqué Joy Phumaphi, secrétaire générale de l’ALMA. La filariose lymphatique, l’onchocercose, la schistosomiase, les géohelminthiases et le trachome sont les cinq MTN les plus courantes. Ces maladies provoquent la cécité, défigurent, et sont sources de handicap sévère, de stigmatisation et de discrimination. Elles sont à la fois une cause et une conséquence de la pauvreté, puisqu’elles se développent là où l’accès à l’eau potable, aux bonnes conditions d’hygiène et d’assainissement et aux soins est limité. L’Alliance des dirigeants africains contre le paludisme a choisi d’inclure les MTN dans son tableau de bord parce que certaines de ces maladies se transmettent de la même manière que le paludisme, et des plateformes communes de distribution communautaire sont utilisées pour la prise en charge du paludisme et des maladies tropicales négligées.
Au-delà des progrès réalisés
En 2016, le nombre de personnes bénéficiant d’un traitement pour au moins une MTN a augmenté de 40 millions par rapport à l’année précédente. Plus de la moitié de tous les 47 pays concernés ont amélioré leur indice de couverture entre 2015 et 2016, un indice qui a doublé dans 12 pays, souligne le dernier rapport de l’Organisation mondiale de la santé-OMS-. Les programmes MTN ont formé plus d’un million de travailleurs de santé tout en amenant toute une gamme de services des outils de planning familial à la supplémentation en vitamines aux habitants des zones reculées qui n’auraient sinon pas accès au système de santé. Grâce à une coalition public-privé mondiale, le nombre de personnes prises en charge pour les MTN n’a jamais été aussi important, et la population à risque de contracter ces maladies a baissé de 400 millions au cours des cinq dernières années. Si la plupart des données indiquent des progrès, le tableau de bord révèle aussi des aspects préoccupants. Près des deux tiers des pays ont un indice de couverture inférieur à 50 %. Le pourcentage de pays qui mettent en œuvre des interventions spécifiques selon les maladies varie de 92 % pour le trachome à seulement 72 % pour la schistosomiase, ce qui montre qu’il reste encore beaucoup à faire. Plus de 1,5 milliard de personnes risquent de contracter une MTN dans le monde, dont 620 millions en Afrique. Les maladies tropicales négligées provoquent des centaines de milliers de décès chaque année, leur impact principal concerne les millions de personnes qui restent prisonnières du cercle vicieux de la pauvreté. Créée en 2009, l’Alliance des dirigeants africains pour lutter contre le paludisme est une initiative novatrice, mise en place par les chefs d’États eux-mêmes et dont l’objectif est de favoriser la collaboration pour résoudre une crise qui touche l’ensemble de l’afrique.
Christiane Ekambo