La tension est montée d’un cran à Oïcha, chef-lieu du territoire de Beni, au Nord-Kivu, où la société civile locale a tenu, ce jeudi 30 octobre 2025, une assemblée générale extraordinaire marquée par de vives critiques à l’encontre des autorités communales et policières.
À l’issue de plus de cinq heures d’échanges, les participants ont exigé le départ immédiat de la bourgmestre de la commune, du commandant de la police communale et du commandant du district de la PNC, le colonel Mbala Michel.
Réunis dans la salle polyvalente Mathe Matthieu, au quartier Masosi, les membres de la société civile aux côtés de la FEC, de la FENAPEC, des syndicats (SYECO, SYNAMED), des responsables religieux, des associations de motards et de plusieurs notables ont dressé un tableau alarmant de la situation sécuritaire et administrative de la commune.
Inquiétudes grandissantes face à l’insécurité
Les intervenants ont dénoncé la recrudescence des cambriolages nocturnes, des attaques contre les commerces et les domiciles, ainsi que les tracasseries policières visant la population.
Plusieurs participants estiment que cette insécurité persistante découle directement de l’inefficacité et du laxisme des autorités locales.
« Nous avons alerté à plusieurs reprises les autorités territoriales et provinciales, mais nous ne sommes jamais écoutés. Pendant ce temps, nos mamans, nos enfants et nos motards sont tués. Certains policiers censés nous protéger sont eux-mêmes impliqués dans les exactions », a déploré Isaac Kavalami, président de la société civile d’Oïcha, dans sa déclaration officielle.
Face à ce qu’ils qualifient de situation intolérable, les acteurs de la société civile ont décidé de passer à l’action.
Un mot d’ordre de paralysie totale des activités socio-économiques et scolaires a été lancé à partir du lundi 3 novembre, jusqu’à la révocation des autorités mises en cause.
« À partir de lundi, toutes les activités seront suspendues. Nous avons interdit à la population de payer les taxes tant que ces autorités ne seront pas remplacées. Oïcha mérite mieux, et nous devons sauver notre commune », a martelé M. Isaac Kavalami.
Cette mobilisation citoyenne illustre le profond malaise qui règne au sein de la population d’Oïcha, confrontée depuis des années à une insécurité chronique dans un contexte de conflits armés persistants dans le territoire de Beni.
Pour les organisateurs, cette action vise à interpeller les plus hautes autorités provinciales et nationales afin qu’elles s’impliquent davantage dans la restauration de la paix et de la bonne gouvernance locale.
La balle est désormais dans le camp du gouvernement provincial du Nord-Kivu, appelé à trancher dans un climat de plus en plus tendu.
En attendant, Oïcha se prépare à vivre une semaine de paralysie totale.
Gloire Tsongo, depuis Beni