Les forces vives de la société civile de la province dénoncent l’implication présumée des proches du pouvoir en place dans le trafic de minerais au Sud-Kivu. Ce lundi 6 janvier 2025, elles ont exprimé leur indignation à travers un sit-in organisé devant le gouvernorat provincial.

Cette manifestation pacifique intervient 48 heures après l’arrestation de trois ressortissants chinois, retrouvés en possession de près de 400 000 dollars américains en liquide et de 10 lingots d’or dissimulés dans des sachets noirs.

L’objectif de cette mobilisation, initiée par le bureau de coordination de la société civile du Sud-Kivu, est de soutenir les efforts du gouverneur Jean-Jacques Purusi Sadiki dans la lutte contre le trafic illégal de minerais. Par ailleurs, elle vise à dénoncer l’implication supposée de certaines autorités nationales, accusées d’encourager cette exploitation illicite au détriment de la province.
Pour rappel, 17 ressortissants chinois avaient été arrêtés fin décembre 2024 pour des faits similaires. Cependant, ils avaient été relâchés et expulsés par la Direction Générale de Migration sur demande de Kinshasa.
Ce nouveau scandale relance un débat houleux sur les acteurs responsables de ce pillage des ressources minières. Il met également en lumière la gestion controversée des autorités, tant nationales que provinciales, critiquée par plusieurs organisations citoyennes.
Les manifestants ont dénoncé le fait que, chaque fois que des exploitants illégaux chinois sont appréhendés avec des minerais et d’importantes sommes d’argent, des interventions venues des personnes influentes conduisent à leur libération ou à leur transfert à Kinshasa, souvent en violation du code minier.
« Il est inacceptable que Kinshasa s’approprie systématiquement les minerais extraits au Sud-Kivu. Ici, nous manquons de routes, d’hôpitaux, d’écoles, malgré l’exploitation massive de nos ressources. Nous avons été informés qu’un jet privé est venu récupérer les minerais, l’argent et les ressortissants chinois arrêtés, avec l’implication présumée de certains proches du pouvoir. Nous sommes ici pour demander des explications au gouverneur, car la population est exaspérée », a déclaré Me Nene Bintu, présidente du bureau de coordination de la société civile, lors de la lecture d’un mémorandum.
Le nombre exact de lingots d’or et le montant total saisi auprès des ressortissants chinois ont également suscité des controverses. Le gouverneur s’est engagé à clarifier ces points devant la presse à l’issue du sit-in. Nous reviendrons avec plus de détails sur la réaction du gouverneur.
Justine Ntamwenge/Sud-Kivu